vendredi 11 décembre 2009

Le "gouvernement mondial" en paroles et en actes...


Bonjour à tous,
 
Je viens de recevoir ceci en rapport avec l'actuelle conférence de Copenhague.
 
On lui pardonnera le coup de griffe porté au passage à l'Église catholique à la fin de la video en évoquant brièvement l'affaire Gallilée, bien sûr, il est pris dans un contexte idéologique qu'il ne saisit pas. Ceci étant bien compris, voici une vidéo qui vaut son pesant de moutarde et qui prouverait vraiment que les tenants du mondialisme et du "nouvel ordre mondial" viennent d'être pris la main dans le sac. Les quelques instants ici reporté des déclarations du sieur Van Rompuy prétendu président de l' "Europe" qui vient il y a quelques semaines seulement être parachuté par ses compères du groupe de Bilderberg "transpirent" au plus haut point le "gouvernement mondial" en paroles et en actes...
 
Voici la vidéo en anglais, mais heureusement sous titrée en français:
 
http://www.dailymotion.com/video/xb9z0q_climategate-faites-tourner-svp-arna_news
 
AVE MARIA
 
R.  L .
 
 
L'affaire Galilée (1633) fut une lourde gaffe romaine.  Le savant fut « sacrifié » par l'érudit Urbain VIII, son ami et protecteur, pour des raisons politiques : le pape croyait ainsi donner le change à l'Espagne et à l'Empire qui le menaçaient sous un prétexte religieux (voir ci-dessous)  dans une Europe à feu et à sang. Calcul à court terme, avec de redoutables conséquences intellectuelles et morales à long terme ! Cette énorme bourde a gravement nui à l'Eglise, et lui nuit encore – bien que la mise à l'Index ait été levée en 1664, que Galilée lui-même ait été réhabilité en 1784 par Clément XII, que les papes modernes lui aient rendu hommage, et que le concile Vatican II ait fait écho à sa pensée sur les rapports entre science et religion.


Néanmoins, si l'on étudie de près l'affaire Galilée (cf. bibliographie ci-dessous), on constate qu'elle ne correspond pas à la légende noire fabriquée au XIXe siècle par les polémistes anticléricaux.


Le procès de 1633 ne fut pas l'aboutissement logique de l'attitude d'une Eglise catholique « hostile à la science ».


Ce procès contredit l'attitude que l'Eglise avait manifestée jusque là.


Rappelons que :


- le chanoine-astronome Copernic, mort en 1543, ne fut jamais inquiété ni même contredit par l'Eglise. Au contraire : Paul III avait lu avec intérêt le De revolutionibus orbium coelestium,
que le savant lui avait envoyé avec une dédicace affirmant nettement que la terre tournait autour du Soleil. (Les seuls à attaquer Copernic furent Luther, Calvin et Melanchton).


- Certains théologiens catholiques renâclaient, mais ni plus ni moins que l'ensemble du microcosme intellectuel de l'époque : en effet la révolution copernicienne posait un sérieux problème à la pensée humaine, structurée autour du « système de Ptolémée » (géocentriste) depuis quinze siècles. Renoncer à une fausse évidence  - la Terre centre du monde - allait être un processus lent et difficile. Certains intellectuels, rendus agressifs par ce qu'ils considéraient comme une menace pour leur pouvoir, allaient entreprendre de persuader les tribunaux d'Eglise que le système de Copernic contredisait la Bible.


- Pourtant, durant les soixante années qui suivirent la mort de Copernic, le Saint-Siège n'accepta d'ouvrir aucun procès théologique contre son œuvre. Mieux : en 1582, le pape Grégoire XIII utilisa des éléments coperniciens dans sa grande réforme du calendrier.

 

-  Le souci de Rome était d'empêcher les universitaires traditionnels, crispés sur Aristote et le géocentrisme, de déclencher une bataille suplémentaire dans le milieu intellectuel alors que l'Europe était ravagée par la guerre entre princes protestants et catholiques.


- En 1589, à Rome, le cardinal jésuite Bellarmin (un des meilleurs intellectuels de l'époque) proposa, pour protéger la pensée copernicienne, de ne la considérer que comme une hypothèse : on dirait aujourd'hui un « modèle ».


 
Photo : le cardinal Bellarmin.

 

- Survient en 1590 Galilée, mathématicien et physicien, aussi parfaitement catholique que l'était Copernic. C'est le protégé des scientifiques jésuites : Christophe Clavius, Paolo Valla. C'est aussi un polémiste-né. Dès 1604 il se pose en ennemi d'Aristote, donc de l'establishment universitaire. En 1609, il se fait astronome grâce à la construction du premier télescope. Ses observations, qui réfutent l'astronomie antique et vont dans le sens du système copernicien, sont appuyées par les astronomes jésuites (Muzio Vitelleschi) et par les cardinaux romains protecteurs de la jeune académie scientifique et humaniste des Lincei.


- Bientôt triomphant et adulé, Galilée suscite les jalousies universitaires. Il leur riposte par des pamphlets, brillants, drôles et d'une rare cruauté. Les jaloux blessés l'attaquent alors sur le terrain religieux. Deux dénonciations échouent en 1615 : l'Inquisition romaine les déboute, jugeant que Galilée n'a rien d'hérétique.


- En 1616, les ennemis de Galilée trouvent un biais : ils parviennent à faire juger « contraires à la Bible » deux idées coperniciennes. Le De revolutionibus de Copernic, quoiqu'apprécié par des papes et des cardinaux, est mis à l'Index « jusqu'à ce qu'il soit corrigé ».  Le véritable objectif des jaloux est de faire taire Galilée, notoirement partisan du système de Copernic…


- Mais le cardinal Bellarmin protège Galilée : il lui demande de considérer le système copernicien comme une simple hypothèse tant que ce système n'aura pas été prouvé. Galilée s'y engage : la méthode Bellarmin lui permettra, s'il la suit, de continuer ses recherches à l'abri de la polémique. Le souci de Rome est toujours d'étouffer cette polémique, pour ne pas ajouter une crise intellectuelle aux convulsions politico-militaires qui ravagent l'Europe.


- Hélas Galilée a deux défauts : il ne peut se retenir de polémiquer, et il est impatient. Il affirme avec des preuves insuffisantes. Il lui arrive même, comme  à tous les chercheurs, de se tromper sur certains points : par exemple sur les comètes et les marées. Et il défend ces erreurs avec tant de férocité qu'il se fâche avec ses plus vieux amis : les scientifiques jésuites du Collège romain, tel l'astronome Orazio Grassi (alors que dans l'affaire des comètes, c'est Grassi qui a raison !). Ces défauts de Galilée ouvrent un boulevard à ses ennemis.


Urbain VIII.

- En 1623, un autre vieil ami de Galilée, le cardinal Barberini, ami des Lincei, devient le pape Urbain VIII. En 1624, Galilée lui fait part de son intention d'écrire un ouvrage comparant "les divers systèmes du monde" (Ptolémée, Copernic et Kepler). Le pape acquiesce, à condition que Galilée les traite tous comme des hypothèses. Galilée s'y engage.


-  En 1628, il soumet son texte au dominicain Riccardi (Inquisition romaine). Celui-ci, qui est un ami, ne lui demande que des modifications de détail et la promesse de faire imprimer le livre à Rome. Urbain VIII demande l'ajout d'une conclusion pieuse, qui ne change rien au contenu scientifique. Galilée accepte.


- En 1631, Galilée montre la nouvelle version à Riccardi et obtient l'imprimatur. Urbain VIII le bénit. 


-  Puis Galilée fait le contraire de ce qu'il avait promis. Il imprime le livre à Florence, non à Rome. Ce qui lui permet d'y faire des ajouts contraires aux accords : 1. un nouveau titre réduisant le sujet au duel Copernic-Ptolémée (ce qui rallume la polémique, contrairement à ce que Galilée avait juré au pape) ; 2. une façon désobligeante, et même sarcastique, de présenter la conclusion demandée par Urbain VIII. Du coup, le livre (qui a eu l'imprimatur !) prend l'air d'une provocation. Il paraît en 1632.


-  Urbain VIII se fâche. Il juge que Galilée a trahi sa confiance. On en profite pour faire croire au pape que Galilée avait signé en 1616 l'engagement de ne plus parler du tout de Copernic : Urbain VIII crie alors à la double trahison. On en profite aussi pour relancer l'idée que Galilée est un crypto-hérétique, passible des tribunaux. La machine judiciaire va pouvoir se mettre en marche.


-  Mais la colère du pape est à moitié feinte. S'il décide de frapper Galilée, c'est surtout pour « l'effet d'annonce », comme on dirait aujourd'hui. Et c'est politique. Explication : les deux superpuissances catholiques de l'époque, l'Espagne et l'Empire, sont en guerre contre les puissances protestantes (princes allemands et roi de Suède, soutenus en coulisses par la France de Richelieu). Urbain VIII, francophile, passe pour complice de Richelieu. L'Espagne et l'Empire menacent donc Rome. Puissances ostentatoirement catholiques, leur arme idéologique est la « défense de la foi ». Pour obliger le pape à rompre avec la France, elles l'accusent de mollesse envers l'hérésie protestante : prétexte qui peut mener au sac de Rome par l'armée impériale (comme en 1527). Déjà les cardinaux pro-espagnols (Borgia, Ludovisi) demandent la déposition d'Urbain VIII. Il y a même des rumeurs de complot d'empoisonnement. Pour se défendre de cette menace, le pape veut réfuter l'accusation de mollesse en faisant un coup d'éclat : obliger une célébrité à se démarquer de toute hérésie, sous les yeux de l'Europe. Galilée tombe à pic...


- Urbain VIII lance la procédure en 1633. Il cadre  l'opération de très près, pour lui faire produire l'effet politique attendu sans être trop dur envers le septuagénaire Galilée. L'instruction, confiée à un neveu du pape, limite le chef d'accusation : ainsi l'Inquisition ne pourra pas aller trop loin. Puis le procès est expédié en deux audiences. Il est purement formel. Aucun débat d'idées. Après une conversation off  avec le commissaire général Maculano, Galilée accepte de faire ce qu'Urbain VIII attend de lui. Le 22 juin, on lui inflige une assignation à résidence perpétuelle et il signe une abjuration. Cette repentance est censée réprouver tout ce qui, dans l'acharnement de Galilée en faveur du système de Copernic, pourrait, de près ou de loin, avoir des résonances hérétiques…


- Après quoi Urbain VIII envoie copie du document, non aux évêques de la chrétienté, mais… aux souverains et principaux ministres de toute l'Europe. Ce qui montre dans quel esprit a été menée l'affaire.

 

 

 

Le comte-duc d'Olivares, par Velasquez. C'est la politique de Madrid qui a fait pression sur Urbain VIII...


-  Galilée vivra encore neuf ans, dans le confort de la villa Médicis, puis du palais archiépiscopal de Sienne, puis de sa propre villa florentine : recevant ses élèves, et écrivant ce qui sera son livre principal (un ouvrage de physique :  Discours et démonstrations mathématiques concernant deux sciences nouvelles touchant la mécanique et les mouvements locaux). 

 


Il fallait rappeler tout cela pour avoir un avis sur le film Galilée ou l'amour de Dieu,  qu'on a pu voir le 7 janvier à FR3.


Réalisé par Jean-Daniel Verhaeghe, ce film bénéficie de la présence, subtile et lumineuse, de Claude Rich dans le rôle-titre.  Le scénario est de Jean-Claude Carrière, déjà auteur d'un chef d'œuvre (La Controverse de Valladolid).


Il a bénéficié aussi de la collaboration du scientifique Claude Allègre. Celui-ci s'est occupé d'une partie des dialogues, et il explique (Le Point, 5 janvier) avoir voulu « corriger les images d'Epinal que l'on peut avoir sur Galilée ».


En effet : le téléspectateur, s'il est vraiment attentif au dialogue, apprend grâce à ce film que Galilée ne fut pas le héros de "la Science contre la Foi" ; qu'il était profondément catholique ; que la haute Eglise l'avait longtemps soutenu ; et que la politique fut la cause secrète du procès de 1633.


Mais les journaux de télévision ont préparé le public à comprendre autre chose : selon Le Nouvel Obs télé-ciné-radio (7-13 janvier), par exemple, ce film  est « une formidable leçon d'histoire sur le pouvoir absolu que l'Eglise a fait peser pendant des siècles sur l'Etat et la science »


Pourtant les faits historiques réels de l'affaire Galilée nous montrent le contraire : une Eglise très nuancée sur les questions scientifiques, et finissant par commettre la bourde de 1633… sous la pression politique des Etats !


Par ailleurs, le film (superbe) présente le même défaut que   La Controverse de Valladolid : il remplace souvent les faits par du roman. Les vraies raisons de la brouille entre Galilée et les jésuites ne sont pas indiquées. Les débats scientifiques et intellectuels que montre le film n'ont jamais eu lieu au procès, qui ne fut qu'un faux-semblant expéditif  - puisqu'il s'agissait d'une opération politique…  Et malgré le talent des auteurs, malgré la volonté d'Allègre de « corriger les images d'Epinal », le film donne tout de même l'impression que la religion catholique est en soi l'ennemie de la science. Ce qui est historiquement faux, même si 1633 reste une tache sur le passé de l'Eglise.

P.P.

 


L'AFFAIRE GALILEE   :  BIBLIOGRAPHIE


Pour en savoir plus :


- Galilée hérétique, de Pietro Redondi. Une thèse non-conformiste : Urbain VIII organisant le procès pour sauver Galilée, accusé d'hérésie par les jésuites. (Gallimard, 1985).


L'affaire Galilée, de Jean-Pierre Lonchamp. Un précis clair et court. (Cerf, 1988).


Galilée, de Stillman Drake.   « Et si Galilée, loin de se vouloir le champion de la vérité scientifique contre l'obscurantisme religieux, avait essayé de protéger la foi ? Et si, dans sa défense de l'astronomie copernicienne, il avait voulu préserver l'Eglise de toute prise de position qui risquerait de ruiner plus tard l'autorité des Ecritures ? » (Actes Sud, 1987).


- Galileo Galilei, 350 ans d'histoire : 1633-1983, par Bernard Vinaty (et al.), avec la déclaration du pape Jean-Paul II. Les documents-témoins sur la position du Vatican. (Desclée international, 1983).


- Les démons de Dan Brown, de Victor Loupan et Alain Noël. Dont trois chapitres sur les faits réels de l'affaire Galilée. (Presses de la Renaissance, 2005).

Que savons-nous de la polémique de "l'affaire Galilée" ?

"Et pourtant, elle tourne." Ces mots, qu'on attribue à Galilée (1564-1642), évoquent l'image du premier "martyre" de la science, celle d'un homme âgé contraint de réfuter sa propre conviction correcte et d'adhérer aux vues erronées de l'Eglise catholique - c'est du moins ce que croient communément bon nombre d'anti-catholiques.

On croit généralement, mais tout à fait à tort, que Galilée fut persécuté par l'Eglise catholique pour avoir abandonné une vue géocentrique du système solaire (où la Terre occupe le centre) pour une vue héliocentrique (où le soleil en occupe le centre).

L'affaire Galilée, aux yeux de nombreux anti-catholiques, apporte la preuve que l'Eglise abhorre la science, qu'elle se refuse à abandonner des enseignements démodés, et que, manifestement, elle n'est pas infaillible. Pour les catholiques l'épisode constitue souvent une source d'embarras et de frustration.

Cela ne devrait être le cas ni pour les uns ni pour les autres.

Qu'est-il vraiment arrivé à Galilée ? L'Eglise catholique l'a-t-elle vraiment "persécuté" ? Dans le contexte de l'époque, a-t-elle fait des demandes déraisonnables ?

« Opposée à la science » ?

L'Eglise n'est pas opposée à la science. En fait, au fil des siècles, elle a apporté son soutien à maints efforts scientifiques. Les jésuites, par exemple, ont disposé d'un groupe d'astronomes et de scientifiques au Collège de Rome, qui jouissait de la plus haute estime. En outre, beaucoup de scientifiques de renom ont bénéficié de l'encouragement et du financement de l'Eglise aussi bien que de prélats à titre individuel. La majorité des découvertes scientifiques pendant cette période ont été le fait d'ecclésiastiques ou découlent du financement apporté par l'Eglise.

C'est au pape Paul III que Nicolas Copernic dédie son ouvrage le plus célèbre, "De la révolution des corps célestes", où il fait un excellent exposé de l'héliocentrisme. Cette tâche avait été confiée par Copernic à Osiander, un protestant convaincu, qui savait que la réaction des protestants serait conforme à l'enseignement de Martin Luther au sujet du géocentrisme et, qu'en conséquence, son livre serait condamné. Osiander s'est donc contenté de rédiger une préface au livre, où l'héliocentrisme est présenté comme une simple théorie, mieux à même d'expliquer le mouvement des planètes que ne pouvait le faire le géocentrisme ; ce faisant cependant, il s'était éloigné des intentions de Copernic.

Dix ans avant Galilée, Johannes Keppler publiait un ouvrage sur l'héliocentrisme, où il développait les thèses de Copernic. En conséquence de quoi, Keppler fut persécuté par les protestants, qui l'ont traité comme un blasphémateur, si bien qu'il trouva refuge auprès des jésuites, réputés pour leur grand respect envers la science.

« Cramponnée à la tradition » ?

Souvent, l'affaire Galilée est mise en avant par les anti-catholiques comme l'exemple même de l'Eglise qui refuse d'abandonner un enseignement démodé ou incorrect, et qui se cramponne de façon dogmatique à une "tradition." Ce qu'ils ignorent peut-être est que les magistrats qui présidaient le procès Galilée n'étaient pas les seules personnes qui tenaient une vue géocentrique de l'univers : c'était la vue reçue parmi les scientifiques d'alors.

Des siècles auparavant, Aristote avait réfuté l'héliocentrisme, et à l'époque de Galilée, pratiquement tous les principaux penseurs avaient souscrit à une vue géocentrique. En fait, si Copernic s'était abstenu un temps durant de publier sa théorie héliocentrique, ce n'était pas tant par crainte de la censure de l'Eglise, que par crainte de se ridiculiser auprès de ses collègues.

De nos jours, nombreuses sont les personnes qui pensent que Galilée a apporté la preuve de l'héliocentrisme alors qu'en fait il n'en fut rien. En effet, Galilée n'était pas en mesure de réfuter le principal l'argument à son encontre, qu'Aristote déjà avait formulé 2000 plus tôt, au sujet des décalages de parallaxe qu'on pouvait observer dans le mouvement des planètes.

Galilée aurait pu, sans courir de trop grands risques, proposer l'héliocentrisme comme une théorie ou une méthode apte à expliquer de manière plus simple le mouvement des planètes. Ses difficultés surgirent dès lors qu'il cessa de le proposer comme une simple théorie scientifique et commença à le proclamer comme vérité, bien qu'à l'époque il n'en existait aucune preuve probante. Néanmoins, Galilée ne se serait pas attiré autant d'ennuis s'il s'était cantonné dans le domaine scientifique.

Pourtant, en dépit des avertissements en provenance de ses amis, il s'est acharné à porter la discussion sur le plan théologique.

Galilée, théologien ?

En 1614, Galilée fut sommé de répondre à l'accusation selon laquelle cette "nouvelle science" était contraire à certains passages de l'Ecriture. Les adversaires de Galilée soulignaient que la Bible énonce clairement que "le soleil s'est arrêté et la lune s'est tenue immobile" (Jos. 10:13). Il ne s'agit pas d'un passage isolé. Les psaumes 103 et 92, de même que le livre de l'Ecclésiaste 1:5 soulignent également le mouvement céleste et la stabilité terrestre. Le sens littéral de ces passages devrait être abandonné pour qu'une théorie héliocentrique puisse être adoptée. Pourtant tout ceci n'aurait pas dû poser problème. En effet, selon l'expression de Saint Augustin : « dans l'Evangile, on ne lit pas que le Seigneur ait dit : 'je vous enverrai le Paraclet qui vous enseignera la course du soleil et de la lune.' Car il a voulu que les hommes deviennent des chrétiens, non pas des mathématiciens. »

L'histoire ignorée

Les critiques intransigeants de l'église catholique n'ont pas toujours une bonne maîtrise de l'histoire, et même ceux qui la maîtrisent ignorent souvent ou cachent des faits pertinents dans le but de dénigrer le catholicisme. Car on imagine aisément que les événements qui entourent la vie de Galilée ont souvent été marqués du sceau de l'ignorance.

Malheureusement, il existe aujourd'hui comme du temps de Galilée, des personnes, protestantes comme catholiques, qui interprètent la Bible au pied de la lettre et méconnaissent cette vérité simple : la Bible n'est pas un traité scientifique.

"Quand le Christ dit que la graine de moutarde est la plus petite des graines (en effet elle est de la taille d'un grain de la poussière), il ne formulait pas une loi de la botanique. En réalité, de nos jours, les botanistes savent qu'il existe des graines encore plus petites. Il parlait tout simplement aux hommes de son temps dans leur propre langage, au sujet de leur propre expérience "(Lay Witness, avril 1993, p. 5).

Pour les intégristes, tout ceci n'était pas acceptable. En 1616, année du premier procès de Galilée, l'Eglise venait tout juste de sortir de l'épreuve de la Réforme, et l'un des sujets de controverse avec les protestants concernait précisément l'interprétation individuelle de la Bible.

Les théologiens n'étaient pas disposés à prendre en compte la théorie héliocentrique fondée sur l'interprétation d'un laïc. Pourtant Galilée s'est entêté à porter le débat sur le plan théologique. Il ne fait aucun doute que, s'il s'était cantonné au domaine purement scientifique, la question ne se serait pas enflammée au même point.

Galilée "confronté" à Rome

Galilée est venu à Rome pour se confronter au pape Paul V. Le pape, las de la polémique, avait transmis le dossier au Saint-Office, qui publia une condamnation sévère de la théorie énoncée par Galilée.

Ce verdict, heureusement cassé sous la pression des cardinaux, plus prudents, ne fut rendu public qu'en 1633, alors que Galilée était confronté à une nouvelle épreuve de force.

Il existe même une polémique au sujet de l'authenticité de ce document. À la demande de Galilée lui-même, le cardinal Robert Bellarmin, S.J., l'un des théologiens catholiques les plus importants de son temps, publia un certificat interdisant à Galilée de soutenir ou de défendre la théorie héliocentrique. Plusieurs années plus tard, alors que Galilée écrivait son Dialogue sur les deux grands systèmes du monde, il ne se trouvait pas en violation de l'édit du cardinal Bellarmin, mais il était, sans le savoir, en violation de l'instruction controversée du Saint Office quoiqu'il n'en ait pris connaissance qu'à sa publication en 1633.

Le deuxième procès, comme le premier, fut le résultat d'un manque tact de la part de Galilée. En 1623, son ami de longue date, le cardinal Barberini, fut élu pape sous le nom de Urbain VIII. Tout naturellement, Galilée fut amené à penser que l'interdiction de 1616 serait levée ; pourtant, il méjugea de la patience du pape. Il ressort clairement de son Dialogue qu'il prend les défenseurs de la pensée aristotélicienne pour des imbéciles, à telle enseigne qu'il nomma l'un des personnages du Dialogue Simplicio (Simpleton) et en fit le porte-parole des propres vues du pape en matière de cosmologie. Il s'est raillé de la personne même dont il avait besoin en tant que bienfaiteur. Il s'est également aliéné ses défenseurs de longue date, les jésuites, par de violentes attaques envers l'un de leurs astronomes. Le résultat en fut le deuxième procès notoire, qu'on considère encore toujours aujourd'hui comme la séparation finale de la science et de religion.

Torturé en raison de ses opinions ?

En définitive, Galilée rétracta ses enseignements héliocentriques, mais pas, comme on le croit communément, sous la menace de la torture ni à la suite de mauvais traitements en prison. En réalité, Galilée fut étonnamment bien traité.

L'historien Giorgio de Santillana, peu suspect d'être enamouré outre mesure de l'Eglise catholique, note : "nous devons, en tous cas, admirer la prudence et les scrupules juridiques des autorités romaines." Galilée disposait de tous les conforts possibles afin de rendre son assignation à domicile plus supportable.

Son ami Nicolini, ambassadeur de Toscane au Vatican, envoyait régulièrement des rapports à la Cour concernant les affaires de Rome. Plusieurs de ses lettres traitent de la continuelle polémique continue entourant Galilée.

Dans une de ses lettres, Nicolini décrit les véritables circonstances entourant l'"emprisonnement" de Galilée lorsqu'il fait rapport au grand-duc de Toscane : "Le pape m'a dit qu'il avait fait montre envers Galilée d'une faveur jamais accordée à aucun autre" (lettre datée du 13 fév. 1633), ". . . il dispose d'un domestique et de chaque commodité " (lettre du 16 avril), ou encore "en ce qui concerne le respect dû à la personne de Galilée, il doit être tenu emprisonné pendant un certain temps car il a désobéi aux ordres de 1616, mais le pape dit qu'une fois la sentence rendue publique, il envisagerait avec moi ce qui peut être fait pour l'affliger le moins possible "(lettre du 18 juin).

Si Galilée avait été torturé, Nicolini en aurait rendu compte à coup sûr à son souverain. Quoiqu'il soit possible que des instruments de torture ait été présents au cours de la rétractation de Galilée (c'était là l'usage du système juridique en vigueur en Europe à cette époque), il est certain qu'ils n'ont pas été utilisés.

Les avoir exposés constituait alors une simple formalité, qui peut nous paraître choquante selon les normes de notre époque, mais qui était certainement conforme aux usages d'alors. En fait, les archives démontrent que Galilée n'a pas pu être torturé en raison des règles stipulées dans le Directorium Inquisitorium (Nicolas Eymeric, 1595). Ce livre constituait le guide officiel du Saint-Office, le département de l'Eglise chargé de traiter de tels dossiers, et était suivi à la lettre.

Comme le remarque le célèbre scientifique et philosophe, Alfred North Whitehead, à une époque où de nombreuses "sorcières" furent soumises à la torture et au bûcher par les protestants en Nouvelle-Angleterre, "la pire des choses qui pouvait arriver à des hommes de science comme Galilée, était de purger une peine honorable d'assignation à domicile assujettie d'un léger blâme." Même alors, l'Eglise catholique reconnait aujourd'hui que la condamnation de Galilée était erronée. Le Vatican a même publié deux timbres à l'effigie de Galilée en repentir des mauvais traitements qu'il avait subis.

L'infaillibilité

Bien que trois des dix cardinaux qui ont jugé Galilée aient refusé de signer le verdict, ses travaux furent en définitive condamnés. Gardons à l'esprit que ni sa condamnation ni sa réhabilitation ultérieure ne prouve ni ne réfute la doctrine catholique de l'infaillibilité papale, contrairement à ce qu'affirment ses détracteurs.

L'Eglise n'a jamais enseigné de manière infaillible un système d'astronomie quelconque. L'Eglise ne tente pas un seul instant d'ignorer ou de cacher le fait que le procès de Galilée était erroné, mais cela ne porte pas préjudice à la doctrine catholique de l'infaillibilité pontificale. L'Eglise n'a jamais prétendu que ses tribunaux ordinaires puissent être infaillibles. Les tribunaux d'Eglise n'ont d'autre autorité que disciplinaire et juridique ; ni les tribunaux ni leurs décisions ne sont infaillibles. Seul un pape ou un conseil oecuménique peut être infaillible, et uniquement dans des circonstances spéciales.

Bien que la condamnation du Saint-Office ait été ratifiée par Urbain VIII, trois conditions doivent être réunies pour que le pape puisse exercer le charisme de l'infaillibilité :

  1. il doit parler en qualité officielle du successeur de Pierre,
  2. il doit définir de manière solennelle une doctrine concernant la foi ou les moeurs,
  3. et il doit proclamer que cette doctrine doit être tenue pour vraie par l'ensemble des fidèles.

Dans le cas de Galilée les deuxième et troisième conditions n'étaient pas réunies et peut-être pas même la première. L'accusation la plus forte qui puisse être faite à l'encontre de l'Eglise de l'époque est qu'elle était, comme bien d'autres, mal informée dans le domaine scientifique.

"Et pourtant, elle tourne"

Quant à la citation par laquelle nous avons commencé cet article, il n'existe aucune preuve historique qu'elle ait été prononcée par Galilée. Ce fut un auteur français, écrivant plus d'un siècle après la mort de Galilée, qui a mis pour la première fois ces mots dans la bouche du grand scientifique" (Paul Boller et John George, They never said it [ 1989, 30 ]).

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