mardi 24 novembre 2009

Argent provincial en Argentine

                                             Conférence du Docteur Osvaldo CIRNIGLIARDO,
                                                       de Tucumán, Argentine
 

Votre Éminence Cardinal Bernard Agré,

 
Messeigneurs les Évêques, les Directeurs des Pèlerins de Saint Michel et les autres participants.
 
J'ai le grand honneur d'être présent en cette semaine d''Études, en en premier lieu, je désir être le transmetteur du salut des habitants de la Province de Tucumán, Argentine, qui m'ont élu comme législateur du Parti Travailliste (Partido Laborista).
 
Ainsi, je crois que je suis l'unique homme politique à participer à cet événement ici avec l'espoir d'apprendre des méthodes alternatives qui puissent soulager les maux des peuples. Vous me voyez ravi par tout ce que j'entends ici, et de constater que lorsque nous pratiquons les mêmes thèmes et avons des conceptions identiques, nous agissons de la même manière en n'importe quel endroit du monde, même sans nous connaître.
 
Ces jours-ci, nous avons appris ce singulier mécanisme du Crédit-Spécial qui confirme ce que nous pensons avec d'autres que le développement intégral de l'homme doit être anthropocentrique, donc le centre de nos savoirs. En ce sens, aucune doctrine politique, religieuse, économique ou sociale ne peut avoir d'autre objectif.
 
Les réalités du manque de ressource et de la pauvreté que j'ai écouté ici me touchent particulièrement. Mais je dois vous avouer que quoique je vienne d'un pays riche de toutes sortes de ressources naturelles, la pauvreté le touche de la même façon. L'Argentine, qui a la capacité d'alimenter 380 millions d'habitants en est habitée par 40 millions, dont 25 millions vivent sous le seuil de la pauvreté. Parmi ceux-ci, 10 millions sont indigents.
 
Alors je me demande pourquoi donc tous les pays ont tant de pauvres et d'indigents, indépendamment de leurs dotations en ressources naturelles?
 
Quelle en est la raison? Y-a-t-il inefficience dans l'application et l'usage de toutes ces ressources? Existe-il des problèmes techniques que l'homme ne sache résoudre? Ou peut-être un système politique, économique ou social injuste qui fait que plus de la moitié des habitants de la planète sont dans l'impossibilité de satisfaire leurs besoins minimum de survie?
 
En tant que professionnel d l'économie, je propose de retourner aux sources où j'ai étudié, et je me rappelle d'un livre classique, que tous les étudiants américains en économie ont du étudier. Paul Samuelson fut un professeur qui laissa gravé dans nos esprits le fruit de ses meilleurs efforts à nous enseigner que l'économie est une science qui étudie le comportement humain par la transformation des ressources rares en biens et services qui seront distribués entre les membres d'une communauté
 
Et en outre, il précisa que les problèmes de base que doit résoudre une société sont: QUE PRODUIRE? COMMENT PRODUIRE? POURQUOI PRODUIRE? Les réponses à ces interrogations servent pout évaluer si la société a été capable de résoudre les problèmes centraux que propose n'importe quelle économie.
 
Nous savons que se sont développées des techniques tel que produire tout ce qu'on propose, la seconde question y répond par elle-même. La réponse à la première question: QUE produire? est plus complexe, car elle dépend des décisions politiques des peuples; tandis que la troisième question: POUR QUI PRODUIRE a une réponse qui se base sur l'injustice plus absolue DU SYSTÈME ÉCONOMIQUE en vigueur. Cette société est capable de dépenser des quantités colossales d'argent pour la recherche spatiale et de doter quelques nations d'armements capable de détruire la planète en une minute. Mais elle exhibe alors le stigmate déshonorant de laisser mourir de faim des peuples entiers. Cette conclusion catégorique nous dit que le système a échoué.
 
Les deux mécanismes qui servent à lier l'existence de ressources rares face aux besoins des peuples: le libéralisme et le socialisme ont échoué. Ils ont échoué parce que dans ces deux propositions existe un effort de domination et d'exploitation de l'homme. Jamais l'on propose de résoudre les problèmes. Au contraire, le libéralisme et le socialisme ont démontré un mépris pour la condition humaine, à tel point que beaucoup de peuples ont succombé par la faim, la guerre, les déprédations, les tortures et les génocides de masse.
 
Cela se doit au fait que ces deux doctrines ont une base crûment matérialiste et régressent par le pouvoir de ce pouvoir lui-même et non dans la recherche d'une solution. Pour ce type de pouvoir, tout se concentre dans la force et non dans la raison. Une société humaine qui nie la Justice, entame un processus inexorable qui la conduit à sa propre destruction.
 
À l'intérieur des mécanismes développés, surtout par le capitalisme, celui du système financier a produit un résultat pervers. L'usure a servi comme moyen habituel de domination en faisant de l'argent un instrument satanique de perdition.
 
L'argent survient pour faciliter le troc des marchandises, il sert pour exprimer, par des unités déterminées, les valeurs que les choses ont déjà. L'argent devrait aussi avoir une fonction de réserve de valeur, c'est à dire que la personne qui a obtenu cet argent possède un pouvoir d'achat qu'elle pourra matérialiser au moment qu'elle estime opportun. Et enfin, l'argent sert également comme moyen de paiement des charges pécuniaires et de transfert de pouvoir d'achat. 
 
Maintenant, nous allons mettre à découvert là où se trouve le piège des usuriers. L'argent étant un bien intermédiaire, il ne devrait pas avoir de valeur en lui-même. C'est une condition essentielle que le pain qui coûte 5 dollars et le lait 2 dollars conservent cette valeur. Je répète, c'est une condition essentielle que l'argent n'ait pas de prix. Quant à l'argent qui a un prix, pour beaucoup, c'est le taux d'intérêt. Nous subissons donc directement de la part de ceux qui manipulent les fluctuations du prix de l'argent, la manipulation directe de la valeur de tous les biens produits au monde.
 
Je ne vais pas m'arrêter sur l'endettement de tous les pays par l'usure internationale alors que j'ai le droit de le faire, parce que quand j'exerçais la fonction de ministre de l'économie de Tucumán, je pus diminuer la dette publique externe de cet État-là de 35% en seulement dix huit mois de fonction. Si, en tant que ministre de l'économie, j'aurais cédé aux pressions usuraires et que j'aurais pratiqué l'endettement de l'État comme action permanente de gouvernement ainsi que le firent tous mes autres collègues, je dis bien TOUS, je ne serais pas ici en face de vous en train de vous en parler.
 
Cela est la raison par laquelle, dans mon pays, pour le développement et la mise en pratique de ces idées, je fus un politique poursuivi par la dernière dictature militaire et par l'actuelle narcodémocratie en vigueur.
 
Je vous raconte que j'assumai le Ministère dans des moments où l'on s'endettait jusqu'à cinq moid de salaire personnel de l'État, où les besoins de financement exédaient les possibilités et il pleuvait alors des offres des banques du pays et de l'extérieur avec des taux d'intérêts exagérés, mais avec de bonnes commissions... Alors j'ai procédé à la création d'argent, ce qui était impensable dans un État provincial. Et si en plus cet État-là était libéral, créer de l'argent sans la permission des maîtres, des patrons de l'économie, c'était une cause d'excommunication. Bon, depuis lors, je suis excommunié de l'église de Lucifer.
 
Je m'en tiens à expliquer son fonctionnement de cet argent. J'émis dix millions de pesos. Je payais les salaires le 30 du mois et ces bons-là pouvaient être présentés à la banque qui était une banque d'État, à partir du 18, jusqu'au 28 du mois suivant.
 
La presse du système nous attaqua furieusement et le peuple acceptait, méfiant, ces papiers signés par le Gouverneur et par moi-même. Quand arriva le jour du 18, une multitude se rua sur la banque et le premier jour les gens changèrent 80% de ces bons pour de l'argent liquide, mais ils commencèrent à croire que ce mécanisme là fonctionnait. Les banques et le gouvernement national, qui restaient au service de l'usure et de l'endettement, me harcelaient. Le mois suivant, le premier jour donc d'échange, l'on changea seulement 40% du montant émis. Deux mois après, tout était déjà mélangé, l'argent national et les bons. Nous avions prouvé que le bon était un instrument de crédit populaire avec un taux d'intérêt égal à 0.
 
Durant le temps de ma fonction, le peuple de la Province de Tucumán épargna 1.750.000 dollars (un million sept cent cinquante mille) qui autrement auraient été dans les mains des usuriers. Quel a donc été la base de cette réussite? LA CONFIANCE, comme l'est la base de la réussite par le Crédit-Social que je suis venu apprendre.
 
Mais une hirondelle ne fait pas le printemps dit-on chez-moi.
 
L'Église Catholique a fait un formidable effort tout au long de deux millénaires pour racheter l'homme en cherchant à lui arracher son cœur de pierre pour y mettre un cœur de chair et d'Esprit saint. J'ai lu avec beaucoup d'attention le COMPENDIUM DE LA DOCTRINE SOCIALE DE L'ÉGLISE paru en avril 2004, qui, avec un esprit généreux, nous donne à nous les hommes et les femmes de notre temps une œuvre merveilleuse.
 
Je me sens fier d'appartenir à l'Église du Christ et de pouvoir développer ma mission politique dans le Mouvement National Justicialiste (Movimiento Nacional Justicialista) qui, en tant qu'impulseur d'une révolution de paix, trouve sa base en une doctrine qui considère l'homme comme cause et fin de la Vie communautaire, c'est une théorie politique qui a contribué à mettre cette doctrine en chemin vers des réalisations pratiques. Le Justicialisme fut le promoteur responsable de la transformation sociale la plus impoprtante de l'histoire de l'Argentine.
 
Son initiateur, le Général Juan Domingo Perón, concevait l'homme comme un être dans ses frontières, en relation vers plus haut que lui. Avec Dieu. Dans une action portant À SE RELIER à plus haut que soi. Ce qui signifie l'ouverture de l'homme à la Vie éternelle céleste dans le déploiement d'une œuvre auto-perfectionnante, qui atteint sa plénitude par le culte. Ici bas, l'homme se lie au monde des choses de son domaine avec la nature que Dieu le Créateur y a mis, et ceci dans une relation de RESPECT obligé.
 
Aussi l'homme se met en relation avec les autres hommes dans une action d'INTÉGRATION qui est le fondement et l'origine d'une Communauté Organisée.
 
La rupture des relations portant À SE RELIER à plus haut que soi, de RESPECT, d'ACCEPTATION et d'INTÉGRATION génère une crise sociale pour avoir détruit l'homme. En ce sens, le Justicialisme propose une SOLUTION COMPLÈTE qui, restaurant ces relations en relevant l'homme de ses ruines jusqu'à l'élever aux plus hauts niveaux de son éminente dignité humaine.
 
 
La COMMUNAUTÉ ORGANISÉE est la société intégrée de bas en haut, qui partage le nœud primaire qui est celui de la famille, harmonise en un critère de justice les relations individuelles et des groupes sociaux offrant les conditions nécessaires pour que son mode d'action soit équilibré et rende possible la concrétisation du BIEN COMMUN.
 
Nous devons transformer les habitants d'un territoire comme des personnes intégrantes d'un peuple transcendant.
 
Je suis conscient que la mission que Le Christ confia à son Église - ainsi que le confirme le Compendium de la Doctrine Sociale - n'est pas d'ordre politique, économique ou social. Le but que Le Christ assigna est d'ordre religieux. Mais précisément, de cette même mission religieuse découlent des fonctions, des lumières et des énergies qui peuvent servir pour établir et consolider la communauté humaine selon la loi divine. L'Église a la compétence qui lui vient de l'Évangile: du message de la libération de l'homme annonçant et témoignant par Le Fils de Dieu fait homme. Pour cela, il doit servir de guide à l'organisation sociale, économique et politique des peuples.
 
Cependant malgré tant d'efforts créatifs, développés et propulsés à travers l'histoire, l'homme et la société sont confrontés aujourd'hui à une crise des valeurs la plus profonde qu'enregistre son évolution. Victime d'un profond relativisme sur son échelle des valeurs, l'homme traverse plein d'angoisse et de désenchantement une vie qu'il se trouve  
obligé de vivre. En celle-ci, il ne vit pas, elle dure; en celle-ci, il ne trouve pas la paix, mais vit angoissé, il ne trouve pas de liberté car il vit en esclave; il ne reconnaît pas ses semblables et à cause de cela il vit isolé; ni la beauté, ni l'harmonie n'attirent son attention, alors il détruit; ses instincts se développent et s'exacerbent comme un centaure furieux; ses affects ne trouvent ni la paix, ni sa réalisation, ni dans son travail, ni dans sa famille, il en reçoit de la prise de drogue en petites doses létales qui l'endorment et le tranquillise par moment. Sentimental et désespéré, il cherche de vagues sensations, confondu qu'il est en un état de profonde dégradation. Ni le sexe débridé, ni la luxure toute puissante ne suffisent à le calmer. Ni même la douleur que provoque son attitude. Il transite désorienté, déambulant parmi les morts qu'il provoque, qui lui balisent le chemin de sa propre mort. Il a perdu irrémédiablement le sentiment de son immortalité. Déjà il ne veut pas vivre, en aucune manière.
 
L'homme actuel rendu esclave, désorienté et exclu d'un système économique cruellement compétitif a besoin de s'incorporer à la vie sociale, de s'intégrer dans sa communauté et de restaurer ses liens sociaux. Il lui faut une action décisive de l'État, mais pas de l'État prédateur actuel existant dans les pays Latino-Américains, ou bien l'État  confiscatoire du monde développé, mais de l'État organisateur et promoteur de la vie sociale, économique et politique d'un Peuple dans le besoin de restaurer son existence.
 
Cette action de l'État ne doit pas être isolée parce qu'il ne s'agit pas seulement d'améliorer les conditions économiques du Peuple, sinon de l'orienter inexorablement vers un chemin de progrès soutenu et durable.
 
Les usuriers firent perdre à l'homme son sens de l'immortalité, tous nous avons le devoir de lui rendre la foi en sa nature infinie.
 
Je voudrais terminer avec quelque paroles du Pape Jean-Paul II toujours présent dans nos mémoires:
 
"C' EST LA NUIT.  JE CONTEMPLE LE CHRIST MORT SUR LA CROIX, JE PENSE À TOUTES CES INJUSTICES ET CES SOUFFRANCES QUI PROLONGENT SA PASSION DANS TOUS LES COINS DE LA TERRE.  JE PENSE À TOUS LES ENDROITS OÙ L'ÊTRE HUMAIN EST OFFENSÉ ET HUMILIÉ, MALTRAITÉ ET EXPLOITÉ.  EN CHAQUE PERSONNE BLESSÉE PAR LA HAINE ET LA VIOLENCE , OU MARGINALISÉ PAR L'ÉGOÏSME ET L'INDIFFÉRENCE, LE CHRIST SOUFFRE ENCORE ET MEURE.  SUR LES VISAGES DES VAINCUS DE LA VIE SE DESSINE LES TRAITS DU VISAGE DU CHRIST QUI MEURE SUR LA CROIX.
AVE, CROIX, (SPES) ESPOIR UNIQUE. DE LA CROIX POUSSE AUSSI L'ESPÉRANCE POUR TOUS".
 
Merci beaucoup
 
Dr. Osvaldo CIRNIGLIARO
Argentine
 
 
 CONGRÈS International des Pèlerins de saint Michel qui a lieu chaque année de la fin août au début du mois de septembre
                              
    précédé de la Semaine d'Études du CRÉDIT-SOCIAL

                                               28 août au 7 septembre 2009
 
                                          Maison de l'immaculée des Pèlerins de Saint Michel
                                                   Rougemont, Québec-Canada

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